8 raisons de précommander des jeux via le Crowdfunding

Publié par Le chat solitaire (Skinner) le

“Avertissement : l’article qui suit a dû être repris immédiatement après sa parution, notre cher chat ayant fait l’erreur d’écrire partout Crowfunding (que l’on pourrait comprendre par “financement de corbeau”) à la place de Crowdfunding. Malgré sa gêne évidente, j’ai cru bon de le partager avec vous !”

Merci K’euroline ! La prochaine fois que tu me réclameras un Eurogame, tu pourras toujours te brosser !

C’est beau les amis, des fois…

Bref.

Aujourd’hui, il existe quatre grandes façons de se procurer un jeu.

  • On l’achète en boutique
  • On l’achète en occasion
  • On le vole à un.e ami.e et on met le feu à sa baraque avant de prendre la fuite (cette technique n’est cependant pas recommandée, sauf si le jeu est vraiment bon)
  • On précommande le jeu sur un site de Crowdfunding

C’est cette dernière méthode dont nous ferons l’éloge aujourd’hui.

Mais c’est quoi le Crowdfunding ?

Le Crowdfunding peut se traduire par “financement participatif”.

Le principe est qu’un créateur partage un projet ambitieux sur le net qui nécessiterait de l’argent (qu’il ne possède pas).

Une fois sa présentation faite, les internautes découvrent son projet et décident si ce dernier mérite, oui ou non, de recevoir un peu d’argent.

Selon le projet, les internautes donnent ce qu’ils veulent ou un montant précis indiqué sur la page du projet. Cet argent peut être donné de bon coeur (s’il s’agit d’un projet humanitaire, par exemple), mais dans la plupart des cas, cela sera contre récompense, comme c’est dans le cas des jeux.

Intéressons-nous aux jeux, justement. Et prenons un exemple imaginaire :

Une créatrice a conçu un super jeu (un coopératif avec des canaris armés de mitraillettes et des figurines hautes de 15 cm) et veut lui faire intégrer la planète ludique. Elle va donc se fabriquer un exemplaire (le plus pro possible) et le présenter sur un site de Crowdfunding.

Là, elle indique que tous ceux et celles voulant un exemplaire du jeu devront investir 79€ (eh oui, les figurines coûtent cher).

Mais ce n’est pas la seule offre : les plus emballé.e.s pourront acheter le jeu de base plus une extension (qui rajoute des cygnes kamikazes) pour la modique somme de 99€.

Mais il y a encore plus : ceux et celles ayant de grands moyens peuvent acheter la totale, qui comprend le jeu de base, l’extension, des figurines prépeintes, un marqueur premier joueur en forme de Sub Machine et la promesse qu’un canari dans une ferme au Pérou sera baptisé au nom du client. Tout ça au prix de 179€. C’est ce que nous appelons un all-in.

Pour paraître sérieuse, la créatrice doit avoir, au préalable, annoncé une date d’estimation pour la livraison. Comme elle sait qu’il faudra un certain temps à l’usine pour fabriquer les figurines et qu’il y aura des illustrations de canaris à faire, elle indique sur la page du projet que ce dernier sera livré huit mois plus tard.

Bien entendu, le jeu sera réservé aux plus de 16 ans

Comme elle sait que tout ce travail ne vaudrait pas la peine si seulement cinq personnes sont intéressées par son jeu, la créatrice annonce que le projet verra le jour seulement si au moins 8’000€ sonr récoltés.

Par chance, son jeu provoque un véritable buzz, et ce ne sont pas moins de 697’000€ (dont 200’000 en moins d’une heure) qui sont générés. Pour célébrer cela, la créatrice décide de faire des petits cadeaux à ses clients : les figurines feront 20 cm de haut au lieu de 15, les dés seront faits en métal et il y en aura 20 au lieu de 15, le jeu pourra se jouer à encore plus de joueurs et l’un des canaris ressemblera à Mel Gibson à l’époque de Mad Max. Nous appelons cela des Strech Goal.

Et voilà, à partir de cet instant, l’argent regroupé sur internet a été versé à la créatrice, et les clients attendent impatiemment leur jeu. Heureusement, ils pourront compter sur les nouvelles régulières que leur envoie la créatrice, histoire de montrer qu’elle ne les oublie pas.

Mais attention, car si au bout des huit mois annoncés, le jeu n’est toujours pas arrivé chez les clients, la créatrice aura intérêt à se montrer rassurante et à justifier le retard. Sans quoi, elle encaissera bien des critiques et ses clients ne lui feront plus confiance à l’avenir.

Voilà en gros le fonctionnement du Crowdfunding utilisé pour la création de jeux. Il y a d’ailleurs, bien entendu, d’autres choses à connaître, comme le Late Pledge, le Early Bird et le Pledge Manager, mais cela mériterait un autre article.

Nous allons à présent discuter des huit bonnes raisons de précommander des jeux sur les sites de Crowdfunding !

1. Vous achetez un jeu à bon prix

La création et la vente d’un jeu nécessitent l’interventions de bien des acteurs sur la scène ludique. Et tous doivent être payés pour leur travail, ce qui inclut, entre autre, les auteurs, les illustrateurs, les fabricants, les livreurs, les éditeurs, les distributeurs et les vendeurs en boutique.

Mais les jeux précommandés sur les sites de Crowdfunding ne passent pas par les cases distributio n et boutique. De plus, si le jeu cache un éditeur, il y a des chances qu’il s’agisse des auteurs eux-mêmes. Mine de rien, cela réduit déjà le monde à payer, ce qui permet de vendre le jeu moins cher.

Voilà une des raisons pour laquelle un même jeu peut être vendu 80€ sur un site de Crowfunding et 100€ dans une boutique.

Oui, le Crowdfunding permet parfois de faire des économies.

2. Vous recevrez (normalement) le jeu avant tout le monde

Certains y accordent une grande importance, d’autres s’en foutent complètement.

Dans la plupart des cas, vous aurez une longueur d’avance sur ceux et celles achetant le même jeu en boutique.

Tout cela est normal : les clients utilisant le Crowdfunding reçoivent les jeux dès que ceux-ci sont prêts. Il n’est pas nécessaire d’attendre qu’un distributeur se mette sur l’affaire, surtout si, comme moi, vous habitez en Suisse et que les nouveautés en boutique arrivent toujours six mois en retard sur la France (bon, j’exagère un peu, ça dépend des distributeurs avec lesquels travaillent les boutiques).

A titre personnel, je n’éprouve pas de réel besoin d’être servi avant les autres. Par contre, il est déjà arrivé qu’un jeu sorte en boutique avant que les clients sur le Crowdfunding reçoivent le leur, alors que ce sont eux qui ont permis au jeu de voir le jour. Et ça, je reconnais que c’est frustrant !

3. Vous aurez droit à du matériel supplémentaire et/ou de meilleure qualité

Dans l’exemple donné en début d’article, je parlais des Strech Goal, ces bonus accordés selon la réussite du projet. Les Stretch Goal peuvent être des figurines additionnelles, des personnages supplémentaires à jouer, un mode solo, des jetons plus épais, une campagne de jeu encore plus longue etc.

Bien souvent, tout ces extras ne seront pas disponibles en boutique, quand le jeu y fera son arrivée.

Mais il ne s’agit pas toujours de Stretch Goal.

Parfois, le projet permet d’acheter des “mini extensions” qui ne seront jamais disponible en boutique non plus, afin de motiver les gens à participer à la levée de fonds.

Quelle que soit la provenance de ce famaux matériel, vous pourrez vous la péter devant vos amie.s qui n’auront pas une version “deluxe” comme la vôtre.

4. Vous donnez leur chance à des jeux sortant des sentiers battus

En tant qu’auteur, commercialiser un jeu via une levée de fonds a des avantages. L’un d’eux est d’être mieux rémunéré qu’en commercialisant le jeu via un éditeur.

L’autre avantage est de donner vie à des jeux qui ne sortiraient, en temps normal, jamais en boutique.

Prenons le cas (extrême) de Kingdom Death: Monster. Croyez-vous qu’un jeu pareil aurait sa place sur les rayons de votre crémier habituel ? Le jeu est déjà extrêmement cher (400$) sur le site de vente de l’auteur, il le serait encore plus en boutique. Et puis bonne chance de convaincre un éditeur de lancer un jeu dans lequel on mange des morts, avec des images d’hommes et de femmes à moitié à poil, le tout dans un livret de règles de presque 150 pages. Vous saisissez un peu le truc ?

Dans l’ensemble, on peut dire qu’un jeu sort des sentiers battus lorsqu’il est très riche en matériel, se révèle particulièrement complexe, adopte un thème déroutant, utilise des mécaniques inhabituelles et/ou n’intéressera qu’une minorité de joueurs.

Dans ces circonstances, la plate-forme de levée de fonds peut se justifier.

5. Le jeu est facilement revendable s’il ne vous plaît pas

Les jeux issus de Crowdfunding plaisent aux acheteurs d’occasion. Parce qu’ils sont rares, parce qu’ils contiennent des Stretch Goal et parce qu’acheter d’occasion permet de connaître l’opinion publique sur un jeu avant de se le procurer.

A moins de cerner parfaitement ses goûts ou d’avoir une chance incroyable, il y a fort à parier qu’un acheteur via le Crowdfunding sera déçu par au moins l’un de ses jeux ainsi acquis. Ou peut-être que son intérêt pour le jeu aura changé d’ici la livraison.

Par chance, on trouve toujours des intéressé.e.s sur les sites de revente, ce qui nous permet de rembourser notre erreur.

Je ne parle pas d’user de spéculation (chose qui m’horripile au plus haut point) mais de revendre son exemplaire à bon prix, surtout si ce dernier est encore en très bon état, voire comme neuf.

6. Vous trouverez plein de jeux jouables en solo

Le jeu en solitaire est en plein essor dans les boutiques. Mais c’est encore plus le cas sur les plate-formes de Crowdfunding.

Beaucoup d’auteurs sur Kickstarter (ça y est, j’ai fini par le dire…) apprécient eux-même les jeux en solitaire, ou alors ont compris que le public en réclame.

Il suffit d’ailleurs de parcourir les forums sur Board Game Geek pour s’apercevoir qu’il existe bel et bien des joueurs achetant des jeux via le Crowdfunding dans l’optique d’y jouer en solo uniquement. C’est mon cas, même si je ne crache pas sur une partie à plusieurs de temps en temps !

Qu’il s’agisse de coopératifs où l’on joue plusieurs personnages ou de compétitifs avec un joueur fictif à affronter, les jeux jouables en solo ne manquent pas dans le monde du Crowdfunding. Il vaut mieux de ce fait être prudent, car les projets font tant envie qu’il serait facile de se ruiner.

Mais aussi alléchants soient ces jeux, renseignez-vous toujours. Vérifiez si le mode solo était prévu d’office ou s’il ne s’agit que d’un petit extra bouche-trou fourni par un Strech Goal.

Attention aussi, car dans certains jeux, le mode solo nécessite que vous achetiez une extension, ou alors il n’est disponible que dans la version deluxe (ce qui est le cas dans Imperium: The Contention).

Gardez l’oeil ouvert, et le bon !

7. Vous serez ultra excité.e quand votre colis arrivera !

Si comme moi, vous êtes amateur ou amatrice de gros jeux et que votre budget le permet, vous ne vous contenterez pas seulement du jeu de base lors de vos achats sur la plate-forme.

Non, vous aurez envie de l’extension principale, l’extension secondaire, un pack de figurines additionnelles, l’autre boîte de base qui se combine avec la première… la totale, quoi.

Du coup, cela ne sera plus un simple carton que vous recevrez l’année suivante, mais une montagne ! Vous aurez des kilos de blister à déchirer, de figurines à contempler, de plateaux à combiner, de cartes à parcourir…

Mais bon, soyons réalistes : vous serez de toute façon emballé.e même si vous ne recevez qu’un seul jeu de base !

Comme on le dit aux gamins qui souhaitent tout dans l’immédiat, l’attente peut faire partie du plaisir.

Quoi qu’il en soit, sous serez tout simplement si heureux ou heureuse avec votre matériel que vous penserez ne plus avoir besoin de nouveaux jeux avant des années, ce qui ne vous empêchera pas de passer votre prochaine commande trente jours plus tard.

8. Vous m’aiderez à commercialiser mon jeu

Bon ok, il s’agit pour le coup d’un bonus, car je ne vieux rien promettre.

Oui, cela fait quelques années que je travaille sur un projet (très irrégulièrement, certes). Comme il s’agirait d’un jeu uniquement jouable en solitaire et que le thème y est plutôt sombre, je doute fortement pouvoir intéresser des éditeurs.

A voir donc si je décide un jour de me lancer dans le Crowdfunding, même si je ne m’attends pas à produire un Best seller, seulement quelque chose issu de moi.

Il se peut que je parle de ce jeu sur le blog, dans une toute nouvelle section. Vous découvrirez son thème, ses mécaniques et aurez sûrement le droit à des petites démos en Print & Play.

Mais comme je l’ai dit, je préfère ne rien promettre pour l’instant !


Voilà, c’est la fin de cet article. J’espère qu’il vous a plu et vous a aidé à en savoir plus sur le Crowfunding dans le cas où ne vous y seriez jamais lancé.e.

N’hésitez pas à partager vos impressions !

Catégories : Articles divers

2 commentaires

Saxgard · 8 septembre 2021 à 23:19

Mais dis donc la K’euroline serait pas du genre première de la classe, déléguée, toujours au premier rang et qui aime bien balancer ? ^^

Ça m’a bien fait rire le « tu pourras toujours te brosser » 😁

Pour la première raison, je me demande si ce n’est pas de moins en moins vrai. A part pour certains éditeurs comme CMON ou Awaken Realms, par exemple, qui proposent vraiment beaucoup de contenu en Stretch Goal, j’ai quand même l’impression qu’avec les frais de port très élevés on se rapproche de plus en plus d’un prix boutique. C’est d’autant plus vrai en ce moment avec les frais de port qui ont explosé, les taxes diverses, voir les frais de douanes dans certains cas.

Oh yes, j’espère qu’on aura droit à notre petit print’n play.

    Le chat solitaire (Skinner) · 9 septembre 2021 à 22:33

    Oui, K’euroline peut avoir un tempérament, ce qui est plutôt étonnant de la part de quelqu’un aimant les jeux à confrontation indirecte. :’D Mais bon, me connaissant, je lui trouverai sûrement un chouette Eurogame pour Noël, parce que j’ai bon coeur. 😎

    Tu soulignes quelque chose d’intéressant : les prix ne sont plus souvent aussi attractifs qu’avant (et encore, je me suis lancé tardivement sur Kickstarter). Et les frais de port font mal (voir le dernier point de cet article : https://le-chat-solitaire.com/index.php/2021/09/07/10-raisons-de-ne-pas-precommander-de-jeux-via-le-crowfunding/).

    Je garde néanmoins le souvenir de ce bon Kingdom Death: Monster dont la boîte de base coûtait 200$ durant la campagne KS, soit moitié moins que son prix actuel sur le site de l’éditeur. Jolie différence !

    Ha ha, il faut que je me motive à présenter mon jeu, maintenant ! 😀

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