Découverte du moment – Root + Extension Clockwork
Qui a dit que seuls les humains, les elfes, les nains, les orques, les morts-vivants et les pandas mutants avaient le droit de se mettre sur la tronche dans du 4X ? Les animaux y ont tout aussi le droit, et ils le font très bien, de surcroit. Aujourd’hui, les stars seront donc des chats, des oiseaux, des souris, des lapins, des ratons-laveurs et même des taupes ! Et tout ça dans un jeu intelligent et subtil.
“Ouais, clairement pas un jeu pour les blaireaux !”
Merci Sina’, tu peux retourner attendre dans l’ombre, maintenant !
Bon, autant ne pas créer de fausses idées, car Root n’est pas vraiment un 4X : il n’y a pas d’eXploration et l’eXploitation n’est pas vraiment présente. Mais il s’agit quand même d’un jeu de conquêtes et de contrôle de territoires, et ça, c’est toujours cool !
Avant de parler du jeu lui-même, commençons par la petite histoire. Pas celle du jeu, la mienne !
“La tienne ? Mais qui est-ce que ça intér…”
Toi, tu dégages, avant que je ne sorte mes griffes !
La petite histoire
Mon histoire commence dans une paisible chaumière, celle de feu ma grand-mère. Vêtu de ma salopette, j’étais parti ramasser du bois mort lorsque je rencontrai… Non, je plaisante, ce n’est pas cette histoire que je vais raconter.
Root est un jeu que presque tout le monde connaît dans le monde ludique. Par là, j’entends qu’on en a au moins entendu parler, qu’on sait à quoi ressemble son style graphique et que ce fut un gros succès à sa sortie. En fait, voilà trois choses que les gens ont tendance à déjà savoir :
- Le jeu met en scène des animaux tout mignons
- Les joueurs incarnent des factions qui se feront la guerre
- Les factions sont hautement asymétriques
Des infos qui m’étaient parvenues, sans que je ne m’intéresse vraiment au jeu pour autant. Mais ma curiosité l’a progressivement emporté, le tout s’étant déroulé sur trois étapes :
- Root arrive sur le marché en VO. Pas de mode solo. Mon intérêt : très faible.
- Root sort en VF dans une version Big Box incluant un mode solo. Pas de bol, le mode solo est descendu par les critiques qui ne le jugent bon que pour apprendre les règles. Mon intérêt : très faible (après avoir fait une petite ascension).
- Une extension en VF a vu le jour et propose un mode solo amélioré applaudi par la communauté ludique. Mon intérêt : wouhouhouhouhou !!!
La suite, vous la devinerez : je vends mon lit ainsi que quelques meubles et m’achète le jeu avec ses extensions, et tant pis si je ne dois manger qu’une fois par jour pour le reste de l’année. De toute façon, grailler c’est pour les faibles !
Voilà donc pour la petite histoire. Ça va, elle était pas trop longue ?
Le jeu en quelques mots
Root, c’est l’histoire d’animaux qui se livrent une guerre sans merci dans la forêt. A mon avis, ils devraient éviter de prendre autant exemple sur les humains…
La guerre se déroulera plus particulièrement dans les clairières de la forêt, reliées entre elles par des sentiers. Ces clairières sont habitées soit par des renards, des souris ou des lapins, qui se plieront devant les autres animaux quand ceux-ci débarqueront.
Chaque joueur incarne une faction parmi celles proposées dans la boîte de base et les extensions. Il y a les chats, les rapaces, le raton-laveur, les lézards, les taupes etc.
Au cours de guerres, de déplacements, de fabrications d’objets et de crises de nerfs, les factions vont marquer des points (et peut-être en perdre). La première atteignant un score de 30 l’emporte immédiatement. Il est également possible d’accepter un nouvel objectif en cours de partie pour obtenir une condition de victoire particulière. Dans ce cas, marquer des points ne servira plus à rien.
Le système de jeu est des plus simples et tient sur quelques petites pages de règle. On nous dit comment contrôler une clairière, comment fabriquer un objet (qui ne servira qu’à marquer des points) et comment utiliser les dés en combat.
Vraiment, le système est archi simple.
Mais c’est sans compter le “mais” qui arrive maintenant !
Eh oui, la complexité et la richesse du jeu ne viendra pas du système général, mais bien des factions asymétriques. Car toutes ses jouent différemment, bien entendu. Et c’est leur fonctionnement et leurs subtilités qui seront difficiles à apprendre.
Pour commencer, même si la guerre récompense chaque faction, toutes marquent des points d’une façon qui leur est propre. Certaines ont des pions Soldat partout sur le plateau alors que certaines y apparaissent à peine. Toutes prospéreront grâce à l’utilisation de cartes, mais une fois encore, de façon différente !
Pour vous donner des exemples :
Les chats forment la plus grande armée du jeu et contrôlent quasiment toutes les clairières en début de partie. Ils marqueront des points en construisant des bâtiments, ce qui nécessitera de grandes quantités de bois. Quand leurs soldats succombent au combat, le joueur pourra les faire revenir immédiatement à son bastion en jouant des cartes, ou en recruter d’autres par la suite.
Les rapaces sont gouvernés d’une main de fer par leur souverain. Ce dernier leur fournira de grands moyens mais exigera en retour des résultats à la hauteur. Si à tout moment les rapaces se retrouvent dans l’incapacité d’exécuter un ordre, leur peuple sera humilié et implosera, les forçant à redémarrer avec peu. Ils marquent des points en construisant et défendant des perchoirs dans la forêt.
L’alliance de la forêt réunis les animaux considérés comme insignifiants, à savoir les lapins, les renards et les souris. Très peu visible sur le plateau, elle cherchera à attirer la sympathie des autres habitants et les pousser à la rébellion. Elle est experte en guérilla et jouera le rôle d’écharde dans le popotin des autres factions !
Le raton-laveur (ou le vagabond) sera l’ami des solitaires puisqu’il est seul sur le plateau, sans armée derrière lui. Contrairement aux autres factions, notre courageux ami est capable d’effectuer des actions grâce aux objets, objets qu’il se fera un plaisir de racketter à ses voisins. Il marquera des points en accomplissant des quêtes, aidant les autres factions… ou en s’attaquant à elles !
“Je l’aime bien, lui. Ça fait assez RPG de le jouer. Et puis on a le choix entre plusieurs personnages possibles, en début de partie. En plus il ne meurt jamais, comme moi !”
Et combien est-ce qu’il y en a de ces factions ? Plutôt pas mal, puisque nous en avons quatre dans le jeu de base, deux dans l’extension incluse dans la boîte de base en VF et deux encore dans l’extension big box qui inclut aussi le mode solo amélioré (on y viendra tout à l’heure).
“On ne peut être que séduit par cette diversité, mais piocher dans tous les plats à la fois ne conduirait qu’à l’indigestion. Il est vivement recommandé de choisir une faction et d’enchaîner plusieurs parties avec, de sorte à entrevoir sa richesse et percer ses points forts. Certaines sont d’ailleurs assez difficiles à aborder, aussi n’ayez pas honte de commencer par un petit morceau, tels que les chats ou les rapaces !”
Comme vous pouvez le deviner, toutes ces factions assurent une belle durée de vie. Au moment où mes pattes martèlent le clavier, je dois avoir une vingtaine de parties à mon actif, et je n’ai incarné que trois factions : les rapaces, le vagabond et les chats (et encore, je n’ai fait que deux parties avec les chats). Je vais avoir du boulot avant d’en faire le tour.
Les différents modes solo
Comme je l’évoquais en début d’article, le jeu a fait son entrée dans le monde ludique en se réservant pour les soirées entre amis. Puis un mode solo fit son apparition dans une extension, permettant d’affronter la faction des chats (appelée pour le coup la Marquise Mécanique), grâce à un genre de système Automa.
Mais ce mode ne rencontra pas un grand succès. Apparemment, la Marquise Mécanique se contente de marquer des points sans qu’on ne puisse y faire grand chose, ce qui donne l’impression d’affronter un timer. Pour dire, cette version en solo n’est pas recommandée sur BGG, sauf peut-être pour assimiler les règles, mais c’est bien tout. Moi-même, je n’ai même pas eu envie de la tester.
Fort heureusement, un talentueux créateur sentit l’appel divin et débarqua sur Terre pour nous offrir un mode digne de ce nom. Alléluia !
De ses mains fermes et habiles, il modela l’argile et créa une version Automa pour chacune des factions du jeu de la boîte de base, allant même jusqu’à proposer une version 2.0 pour les chats !
Ces Automas, à la difficulté paramétrable, reprennent au maximum les caractéristiques des factions originales, de quoi donner l’impression d’affronter de vrais joueurs. Alors, certes, tout ne peut pas être retranscrit, mais bon sang, quel joli boulot !
Ces quatre Automas sont donc disponibles dans l’extension Clockwork 1.
Malheureusement, le génial créateur put constater avec le temps quelques défauts d’équilibre dans son œuvre. Pour y palier, il lança un fil de discussion sur Board Game Geek pour que les joueurs puissent les mettre à jour gratuitement. Cela implique de télécharger et imprimer de nouveaux plateaux ainsi que des correctifs de cartes, ce qui fait toujours un peu grincer des dents. Mais ces mises à jour sont de grande qualité et garantissent un mode solo aux petits oignons, aux règles claires et à la jouabilité agréable.
De plus, si vous consulter le lien ci-dessus, vous verrez que l’auteur propose également une version Automa pour les factions des extensions. On commence vraiment à avoir de quoi faire !
Attention, cependant, car la bonne compréhension du fonctionnement des Automas nécessite un peu de temps et de concentration. Leurs tours sont longs et laborieux quand on débute, avant de se fludifier au fil des parties.
Et donc ?
Jouer à Root en solo, c’est du lourd, dans plusieurs sens du terme.
Il réclame de l’investissement pour comprendre les différentes factions, pour imprimer le matériel mis à jour et pour comprendre les mécanismes des factions quand celles-ci sont jouées par l’Automa.
Mais une fois passées ces difficultés, ce n’est plus que du bonheur !
“Je confirme, surtout que malgré les jets de dés en combat, nous avons affaire à un jeu réclamant de l’intelligence, de l’anticipation et aussi un peu de gestion. Il me tarde déjà de m’essayer aux niveaux les plus difficiles ! En tout cas, très bonne acquisition, le chat, je te félicite !”
Merci !
…
Par contre, je crois que Trauman a quelque chose à dire…
Mauvaise nouvelle !
“Profiter de ce jeu en solo nécessite une importante dépense d’argent !”
Eh oui…
Je l’ai évoqué plus haut, mais le mode solo est disponible dans une extension (qu’il vous faudra de toute façon posséder si vous souhaitez profiter des mises à jour sur Board Game Geek).
Et comme la VF a choisi de faire des Big Box, on se retrouve obligatoirement avec un jeu de base et trois extensions sur les bras. Mais au moins, vous aurez plein de factions différentes à jouer !
“C’est tout pour aujourd’hui, les enfants. Mais pensez à revenir à l’occasion, parce qu’avec le chat, on a encore plein de trucs à vous raconter. Il m’a même dit qu’il essayerait de partager avec vous son projet de jeu, mais chuuut, je vous ai rien dit !”
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